Plébiscite pour une société libre

Il est question de bien plus que la fiabilité du logiciel (être « open source ») : ce qui compte, ce sont les libertés que vous obtenez dessus. Pouvez-vous l'étudier et en apprendre ? Pouvez-vous l'utiliser comme base et construire dessus ? Pouvez-vous le distribuer ? C'est ce que nous appelons un « logiciel libre ».

J'invente de nouveaux mots, expressions, analogies, toutes sortes de choses amusantes dans le langage anglais, et des gens paraphrasent ce que j'ai à dire, et gagnent de l'argent en parlant des mêmes choses que moi.

Si j'essaye de verrouiller ce dont je parle ou j'écris, comme le fait une entreprise de logiciel propriétaire, alors toute l'industrie de la parole, de l'écriture et les médias deviendraient trop litigieux, et les coûts des transactions seraient prohibitifs.

Ce n'est pas un concept farfelu

Comme aucun des produits de Microsoft n'est libre, il semble étrange aux utilisateurs que le logiciel doive être libre. Cependant, notre société fonctionne avec beaucoup d'éléments libres en son sein, par exemple :

Bien que personne n'ait de recel propriétaire sur le yoga, c'est un marché florissant de 30 milliards de dollars aux États-Unis.

  • Aucun chef ne vous interdirait de modifier sa recette et d'en faire des dérivés. L'industrie agroalimentaire se porte très bien en dépit du fait que la loi l'oblige à indiquer la composition de ses produits sur les étiquettes.
  • Un système de droit équitable permet à tout un chacun de lire tous les comptes-rendus d'audiences de procès et tous les argumentaires. Non seulement le résultat (les délibérations finales) mais également le processus sont entièrement ouverts.

Le logiciel libre est libre comme dans « liberté d'expression » et comme dans « marché libre » : tous son nécessaires à une société libre. Pas convaincu·e ? Regardons le logiciel propriétaire d'un peu plus près.

Le logiciel propriétaire lorsqu'il tourne mal

Les limites des logiciels propriétaires vont au-delà de la question de la sécurité (cf. notre article sur le code source) : aujourd'hui le logiciel propriétaire interfère avec la diffusion de la culture et de l'information. Ceci arrive essentiellement avec deux technologies :

Gestion numérique des restrictions 1 (DRM)

L'idée principale des DRM 1 est de restreindre l'accès aux fichiers. Les utilisateurs rencontrent cela quand, par exemple, il achètent de la musique sur iTunes et qu'ils ne peuvent écouter la musique avec un seul lecteur, d'une seule marque. Avec cette méthode, les entreprises combattent les violations du droit d'auteur, mais ils restreignent aussi sévèrement l'accès des utilisateurs à leurs fichiers.

Le DRM, c'est le contrôle du contenu

Sauf que le contrôle n'est pas dans les mains de l'utilisateur final. L'objectif initial des DRM est compréhensible, mais les conséquences sur le flux d'information et la culture au sein d'une société sont effrayantes.

  • Imaginez un livre qui reste collé, définitivement fermé, après que vous l'avez lu une fois.
  • Imaginez des documents qui s'auto-détruiraient si vous quittiez la pièce avec.
  • Imaginez des téléphones qui ne fonctionneraient que si votre interlocuteur louait le même modèle de la même marque.

Cela vous semble farfelu ? C'est ici qu'intervient l'« informatique de confiance ».

L'Informatique déloyale (« informatique de confiance »)

Trusted Computing (parfois plus précisément appelé « informatique déloyale ») signifie qu'un ordinateur ne peut exécuter que des logiciels « de confiance ». Il se veut une protection incontournable contre les nuisances (comme les virus ou les logiciels espions) et les violations du droit d'auteur (personnes copiant des logiciels propriétaires).

L'informatique déloyale, c'est le contrôle sur l'ordinateur

The critical thing about Trusted Computing is that you cannot decide what is trustworthy and what is not. For example, your computer might refuse to run programs that are not certified by the software company – programs that could enable you to take documents out of the office, or play your neighbour's DVD, or send your essay to someone not using the same program.

Toute une gamme de possibilités s'ouvre pour les entreprises qui bénéficient de la restriction de votre informatique (par exemple les compagnies de logiciels propriétaires ou des éditeurs de musique). Il devient soudain possible de louer des DVD qui ne seront lus que deux fois, ou de la musique qui ne pourra être écoutée qu'au mois de septembre, ou des informations que vous pouvez lire mais pas enregistrer ni copier. Tout à coup, l'informatique de confiance et le DRM rendent possibles le contrôle à distance sur le contenu.

En effet, l'informatique de confiance permet à l'éditeur de créer sa propre loi du droit d'auteur.

L'impact

De nombreux produits culturels sont en train d'émerger « avec une triple protection », pas seulement par le droit d'auteur et le code, mais aussi par les contrats ou les licences pour lesquels les utilisateurs renoncent à leur droits restants.

De plus en plus, le droit d'auteur pour les contenus numériques est remplacé par des licences d'utilisateur final, établissant au moyen des contrats des droits de propriété absolus que le droit d'auteur était initialement censé nier aux éditeurs.


L'informatique ne se limite désormais plus simplement aux calculs. Nous utilisons des logiciels pour communiquer : partager l'information, des idées et la culture. Le logiciel est dans nos téléphones, voitures, lecteurs de média, télévisions, et gouverne à peu près chaque nouvel appareil autour de nous.

DRM

Le logiciel est de plus en plus utilisé pour faire respecter des règles. Les règles peuvent être la loi ou pas. Les règles peuvent être équitables ou non. Si le logiciel n'est pas libre il n'y aura aucune place laissée à l'utilisateur pour influencer ces règles.

L'informatique de confiance et les DRM ouvrent le chemin vers une société où la culture et l'information ne seront pas simplement transformées en produits (ils le sont actuellement et c'est très bien), mais en des produits consommables.

Le code est le pouvoir. La plupart des documents actuels sont écrits et encodés avec des algorithmes secrets dans des logiciels propriétaires. Qu'en sera-t-il des livres, photos, essais, animations, de la musique et des actualités ? Les logiciels propriétaires tel que Windows n'ont aucune transparence. Une culture et une société libres ne peuvent pas se développer à partir de tels logiciels.

Pouvons-nous vous suggérer de passer à GNU/Linux ?



  1. ^ Notez que le DRM est souvent appelé Digital Rights Management, soit « gestion numérique des droits ». Mais parce que le système n'a presque rien à voir avec vos droits, le nom « gestion numérique des restrictions » est plus exact.